Du sacrilège au sacré. / Desde el sacrilegio a lo sagrado.

 - versión en castellano más abajo-

Posé au milieu d’un plateau désertique balayé par le vent, un rocher d’une quinzaine de mètres de diamètre aux arêtes aigües, dessine, sous un certain angle, le profil cubiste d’un Christ tourné vers le ciel argentin. Sa présence mystérieuse, à une très grande distance des montagnes dont il pourrait provenir, attire autour de lui, dans un chaos de bruit et de poussière, des centaines de pèlerins de tout type: familles en voiture, gauchos à cheval, citadins à moto, vendeurs ambulants, plus deux ou trois curés essayant de paraître diriger une messe. Les gens se pressent pour toucher, embrasser, caresser le rocher, et laissent dessus une photo, une lettre ou un cierge instable sur sa base de cire fondue. Il est difficile de ne pas ressentir une communion, au milieu des incantations à voix basse, des crucifix, et d’une multitude de mains qui touchent la pierre, puis les lèvres et enfin le front et trois fois la poitrine, dans un geste millénaire. 
Pour un admirateur des attaques suicidaires contre la Foi, contre l'Eglise et contre Dieu jetées par le Marquis de Sade du fond de son cachot, ce qui pourrait paraitre un paradoxe ou une rupture n’est en fait que continuité. Pour avoir le goût du sacrilège il faut avoir le sens du sacré. Le second contient le premier. Le premier n'existe qu'à l'intérieur du second. Donatien Alphonse François lui-même n’échappera jamais à cette contradiction, sauf peut être dans son testament dans lequel il demande que "les traces de ma tombe disparaissent de dessus la surface de la Terre comme je me flatte que ma mémoire s'effacera de l'esprit des hommes".
Colocado en el medio de una meseta desértica barrida por el viento, un peñasco de quince metros de diámetro de aristas agudas dibuja, bajo cierto ángulo, el perfil cubista de un Cristo mirando al cielo argentino. Su misteriosa presencia, a mucha distancia de las sierras de donde podría proceder, atrae alrededor de él, en un caos de ruido y polvo, un centenar de peregrinos de todo tipo: familias en coche, gauchos a caballo, jóvenes en moto, vendedores ambulantes, más dos o tres curas tratando de parecer estar dirigiriendo una misa. La gente se amontona para tocar, besar, acariciar la roca, y dejan una foto, una carta o una vela inestable sobre su base de cera derretida.
Es dificil no sentir una comunión, en medio de las oraciones en voz baja, de los crucifijos y de la multitud de manos que tocan la piedra, y después los labios, y en fin la frente y tres veces el pecho, en un gesto milenario.
Para un admirador de los ataques suicidas contra la Fe, contra la iglesia y contra Dios disparados por el marqués de Sade desde el fondo de su calabozo, lo que podría parecer una paradoja es en realidad una continuidad. Para gustar del sacrilegio, hay que tener el sentido de lo sagrado. El segundo contiene el primero. El primero no existe sino dentro del segundo. Donatien Alphonse François nunca sorteó esta contradicción, salvo quizás en su testamento donde pide que "los rastros de mi tumba desaparezcan de la superficie de la Tierra como me complace saber que mi memoria desaparecerá de la mente de los hombres".

2 comentarios:

Ashton dijo...

Oh...I remember that place: I went there when I was 30. I liked it so much, it was really awesome. This blog is really great, don't stop it. Your posts are very understandable, even for someone who doesn't speak French current, full of sense and intellect...Perfect!

Mascaró dijo...

Merci encore Ashton. J'apprécie particulièrement le fait que vous trouviez mes articles compréhensibles, que ce soit au niveau de la langue ou au niveau de leur sens, car mon but est bien de saisir et figer des idées et des pensées qui sont en moi mais que j'ai parfois moi-même du mal à appréhender.