¿Quién te quita lo bailado?

A la tarde cuando se iba poniendo el sol, los pelícanos empezaban a bordear la costa en pequeños grupos planeando en fila al ras del agua. Cuando una ola se levantaba elevaban su trayectoria con unos pocos batidos de sus alas pesadas y cuando la ola se rompía, alcanzaban su punto de inflexión y volvían a bajar retomando la formación inicial sobre el agua apaciguada, en una perfecta armonía con el océano. Se los veía llegar desde el noroeste a lo lejos. Pasaba un grupo, y después de quince o veinte minutos pasaba otro, hasta la caída de la noche. Cada grupo se llevaba un pensamiento mío y lo hacía desaparecer en luz encandiladora de sol poniente. Terminaba el día con la cabeza vacía, ligeramente aturdido y beatíficamente feliz.
Este movimiento regular, repetido, pendular, hipnótico esta grabado en mí. Cuando me agobia la vida, me vuelve el recuerdo de esos días vividos al compás de los pelícanos de Monterrico en la costa del Pacífico y me viene el refrán rioplatense: ¿quién te quita lo bailado? 

Le soir au coucher du soleil les pélicans commençaient à longer la côte en petits groupes planant en file au ras de l'eau. Quand une vague se levait ils élevaient leur trajectoire par quelques battements de leurs ailes lourdes et quand la vague se cassait, ils atteignaient leur point d'inflexion et redescendaient en reprenant leur formation initiale sur l'eau apaisée, en parfaite harmonie avec l'océan. On les voyait arriver au loin du Nord-Ouest. Un groupe passait, puis quinze ou vingt minutes plus tard un autre, jusqu'à la tombée de la nuit. Chaque groupe emportait une de mes pensée et la faisait disparaitre dans la lumière éblouissante du soleil couchant. Je finissais la journée la tête vide, légèrement hébété et béatement heureux.
Ce mouvement régulier, répété, pendulaire et hypnotique est gravé en moi. Quand la vie me pèse, je me rappelle ces jours vécus au rythme des pélicans de Monterrico sur la côte du Pacifique et me vient à l'esprit le proverbe rioplatense : personne ne peut te prendre ce que tu as déjà dansé.

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