Topologie portègne du Monde. / Topología porteña del Mundo.


-versión en castellano más abajo-
A l'instar des cartes TO du Moyen-Age sur lesquelles l'Orbe se divisait en trois continents, la conception portègne du Monde le divise en trois espaces : Buenos Aires, l'Intérieur et l'Extérieur.
Buenos Aires a un tracé urbain en damier, commun à la majorité des villes américaines et présent dans plusieurs villes européennes. Les rues sont parallèles, espacées de cent mètres et croisées par des perpendiculaires également espacées de cent mètres. Les pâtés de maison sont donc tous identiques, des carrés de cent mètres sur cent mètres. Plutôt qu'un damier, ça ressemble à un plateau de Scrabble, dont on aurait rempli presque toutes les cases. Cette structure marque profondément la pensée portègne. Au delà de la facilité pour se repérer, calculer les distances, expliquer le chemin à un taxi, les porteños sont habitués à marcher droit, et à tourner en angle droit. Les diagonales sont mal vécues. Les places ont la forme et la taille des patés de maison. Ce sont les cases vides du plateau de Scrabble. Comme les diagonales, les places rompent la régularité et sont perturbatrices de l'ordre urbain et mental. Certaines d'entre nous, comme mon ami Jorge et moi-même, évitons de traverser les places en diagonale, par superstition. Adeptes de rigoureux rituels du quotidien, les porteños sont hypersensibles au désordre et à la confusion. Ils considèrent leur ville comme la perfection. Pour eux, Buenos Aires est la seule part du Monde qui soit ordonnée et civilisée, le seul endroit où la sécurité émotionnelle soit assurée. 
L'Intérieur correspond à tout ce qui argentin mais qui n'est pas la métropole. De ces contrées lointaines vient tout ce qui alimente la ville: la viande, le folklore, et les immigrés. Car on est plus immigré à Buenos Aires si on arrive de la province qui si on est descendant de polonais ou de gallois.
Il y a ensuite l'Extérieur, appelé également "afuera", c'est à dire "dehors". Ce "dehors" est trompeur, car il n'est pas l'équivalent de "l'étranger". "Afuera" se limite à un ensemble de huit villes dont quatre européennes (Londres, Paris, Rome et Madrid) et quatre américaines (Miami, New York, Florianopolis et Punta del Este). Les quatre villes européennes sont déconcertantes car elles sont une référence incontournable des origines de la civilisation portègne (un peu comme Athènes pour les européens), donc familières, mais également légèrement barbares. En effet, d'une part le castillan y est mal compris (sauf à Madrid), d'autre part, elles sont mal agencées: elles ont énormément de diagonales. Les quatre villes américaines sont bien agencées et l'usage du castillan y est généralisé (même à New York). Mais ni Londres, ni Paris, ni New York ne rivalisent avec Buenos Aires. C'est vrai pour tous les porteños, y compris les plus illustres comme Jorge Luis Borges ou Carlos Gardel. Le reste du Monde s'étonne de cette perception et l'inteprète comme de la suffisance et de l'arrogance.


Al igual que en los mapas de la Edad Media en los que se dividía el Orbe en tres continentes, el concepto porteño de Mundo lo divide en tres espacios: Buenos Aires, el Interior y el Exterior.
Buenos Aires cuenta con un trazado urbano en damero, común a la mayoría de las ciudades americanas y presente en varias ciudades europeas. Las calles son paralelas, espaciadas de cien metros y atravesadas por perpendiculares también equidistantes de cien metros. Las manzanas son cuadrados idénticos de cien metros por cien metros. Más que un damero, se ve como un tablero de Scrabble, con casi todas las casillas llenas. Esta estructura impregna profundamente el pensamiento porteño. Más allá de la facilidad para ubicarse, calcular distancias, indicar el camino a un taxi, los porteños están acostumbrados a caminar en línea recta y girar en ángulo recto. Las diagonales generan malestar. Las plazas tienen la misma forma y tamaño que las manzanas. Son las casillas vacías del tablero de Scrabble. Como las diagonales, las plazas rompen la regularidad y son perturbadoras del orden urbano y mental. Algunos de nosotros, como mi amigo Jorge y yo, evitamos cruzar las plazas en diagonal, por superstición. Adeptos de rituales cotidianos puntillosos, los porteños son hipersensibles al desorden y a la confusión. Ven a su ciudad como la perfección. Para ellos, Buenos Aires es la única parte del Mundo ordenada y civilizada, el único lugar donde es asegurada la seguridad emocional.
El Interior coincide con todo lo argentino que no sea la metrópoli. De estas tierras lejanas llega todo lo que alimenta la ciudad: la carne, el folclore y los inmigrantes. Porque es más inmigrante en Buenos Aires el oriundo de la provincia que un descendiente de polacos o galeses.
Luego está el Exterior, también llamado "afuera". Este "afuera" es engañoso porque no es el equivalente de "extranjero". "Afuera" se limita a un conjunto de ocho ciudades, entre ellas cuatro europeas (Londres, París, Roma y Madrid) y cuatro americanas (Miami, Nueva York, Florianópolis y Punta del Este). Las cuatro ciudades europeas son desconcertantes. Al ser los orígenes y las referencias de la civilización porteña (como Atenas para los europeos), resultan muy familiares, y a la vez ligeramente bárbaras. En primer lugar, el castellano es poco conocido (excepto en Madrid) y en segundo lugar, están mal diseñadas: tienen una gran cantidad de diagonales. Las cuatro ciudades americanas están bien diseñadas y el uso del castellano es generalizado (incluso en Nueva York). Pero ni Londres, ni París ni Nueva York compiten con Buenos Aires. Esto es cierto para todos los porteños, entre ellos los más ilustres, como Jorge Luis Borges y Carlos Gardel. El resto del mundo se sorprende con esta percepción y la intepreta como suficiencia y arrogancia.

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