Nager au large. / Nadar mar adentro.

-versión en castellano más abajo-
Quelques années avant mon départ pour l'Argentine, dans ma quête de littérature latino-américaine, j'ai lu un roman de cette haute densité existentielle que j'allais découvrir plus tard à Buenos Aires. Son titre est d'ailleurs explicite: "La vie exagérée de Martín Romaña". Son auteur, Alfredo Bryce Echenique, y dépeint une version romancée de sa vie d'écrivain péruvien dans le Paris de mai 68, d'une ironie et d'une honnêteté intellectuelle à pleurer de rire. Il aura eu, lui aussi, une influence certaine sur ma propre vie.
En effet, à l'instar de Bryce Echenique quittant son milieu de la haute bourgeoisie limeña pour une vie de bohême à Paris, je suis parti chercher cette "vie exagérée" à Buenos Aires. Pendant une petite dizaine d'années j'ai fait et défait, j'ai trouvé du travail puis démissioné puis retrouvé du travail, je suis parti pour trois mois, resté trois ans, puis reparti pour toujours, puis finalement revenu. J'ai changé de nationalité, de langue, de croyance. J'ai perdu et gagné des amis. J'ai exploré des voies, même par essai et erreur et j'ai choisi, même par défaut.
Beaucoup de découvertes, mais aussi de volte-faces et au bout du compte, rien d’héroïque ni d'extraordinaire, rien de glorieux ni de révolutionnaire, juste la sensation d'avoir nagé au large, loin et longtemps, aussi loin et longtemps que je voulais.
Alfredo Bryce Echenique, et surtout Martín Romaña, y sont pour quelque chose.

Unos años antes de mi partida a la Argentina, en mi búsqueda de literatura latinoamericana, leí una novela de la misma alta densidad existencial que descubriría unos años más tarde en Buenos Aires. Su título es, de hecho, explícito: "La vida exagerada de Martín Romaña ". Su autor, Alfredo Bryce Echenique, pinta una visión novelesca de su vida de escritor peruano en el París de mayo 68 (el "mayo francés") con una ironía y una honestidad intelectual para llorar de risa. Habrá tenido, él también, una influencia certera sobre mi propia vida.
En efecto, al igual que Bryce Echenique quien abandonó su ámbito de la alta burguesía limeña por una vida bohemia en París, yo me fui en busca de esta "vida exagerada" a Buenos Aires. Durante un poco menos de diez años hice y deshice, conseguí trabajo, luego renuncié y luego volví a trabajar, me fui por tres meses, me quedé tres años, luego me fui para siempre, y finalmente regresé. He cambiado de nacionalidad, de idioma, de creencias. He perdido y ganado amigos. He explorado vías, incluso por ensayo y error, y he elegido, incluso por defecto.
Muchos descubrimientos, pero también muchas idas y vueltas y, al final, nada heroico o extraordinario, nada glorioso o revolucionario, sólo la sensación de haber nadado mar adentro, lejos y mucho tiempo, tan lejos y tanto tiempo como yo quería.
Alfredo Bryce Echenique, y sobre todo
Martín Romaña , tienen algo que ver.

No hay comentarios: